Seine-et-Marne : pollution de l'Aubetin, « c'est à pleurer »
Une pollution massive de l'Aubetin, signalée fin novembre, suscite colère et inquiétude, alors que les dégâts sur la faune sont déjà visibles.
Une mousse épaisse s’étend sur le cours d’eau paisible. Il s’agit de digestat, une matière organique composée de résidus agricoles mélangés à de l’eau pluviale. Un bien triste spectacle en Pays de Brie. Depuis plusieurs jours, les associations environnementales tirent la sonnette d’alarme après la pollution de la rivière de l’Aubetin, consécutive à un acte extérieur de malveillance au niveau de la lagune de rétention appartenant au méthaniseur de Beautheil-Saints.
Pour Nathalie Chadelat, présidente de l’ADEVA (Association pour la défense de l’environnement de la vallée de l’Aubetin et ses environs), l’immobilisme perçu des autorités est incompréhensible : » Ce qui m’étonne, c’est que la pollution daterait du 28 ou du 29 novembre il ne se passe rien pour y remédier. Que font les pouvoirs publics ? « , s’interroge la militante.
Une situation dramatique
Cette dernière poursuit : » On a l’impression que les autorités ne s’émeuvent pas plus que ça. C’est comme si les elles attendaient que la pollution se disperse d’elle-même petit à petit. »
L’absence d’analyses l’inquiète particulièrement : » Il n’y aurait pas eu de prélèvement, faute de budget pour faire des analyses. En attendant, cette pollution fait beaucoup de dégâts sur la faune et la flore. »
Sur le terrain, les militants constatent les dégâts. Charlotte Chiarelli, de l’association Abeilles Paysannes, décrit une situation dramatique. « C’est à pleurer « , insiste-t-elle devant les poissons morts et la mousse blanche observés entre Saints et Saint-Augustin. L’association dit avoir » mené immédiatement un travail d’enquête pour remonter à la source « . Selon l’écologiste, la pollution a gagné le Morin le 1er décembre au matin, vers 11h.
Pour les associations, l’urgence écologique ne fait aucun doute. La contamination de deux cours d’eau majeurs soulève désormais la question de la réaction institutionnelle.
Une députée interpelle le préfet
Face à la situation, Julie Ozenne a publié un message qualifiant l’événement de « pollution majeure » dans le secteur de Beton-Bazoches et Pommeuse. La députée essonnienne alerte sur la « mortalité piscicole importante » et sur l’arrivée de la pollution dans le Grand Morin.
Malgré les constats de la DRIEAT (Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports) et de l’OFB (Office français de la biodiversité), Julie Ozenne déplore qu' »aucune action concrète n’a été engagée à ce jour « .
Dans un courrier adressé au préfet, la parlementaire demande de « mobiliser les moyens nécessaires », de « dégager un fonds d’urgence » et de « coordonner une cellule de crise ».
Elle insiste sur les risques : « Cette pollution pourrait avoir de graves conséquences sur la biodiversité, la qualité de l’eau potable et les activités économiques locales. »
Une enquête en cours
Du côté de la Fédération de pêche de Seine-et-Marne, le discours se veut méthodique. Les agents se sont rendus sur place pour constater les dégâts sur les lots de pêche de l’association de Pommeuse.
Maxime Lesimple, responsable technique, appelle à laisser l’enquête suivre son cours et rappelle que les procédures sont strictes et longues : « Si on ne suit pas ces procédures-là, derrière, il ne se passe rien. Le moindre petit parasite, la moindre mauvaise information, la moindre mauvaise photo mal interprétée, c’est tout ce qui peut capoter. »
Les pêcheurs ont déjà vécu un drame sur le canal du Loing l’an dernier avec la perte de 7 tonnes de poissons et savent que les procédures judiciaires » mettent un certain temps en France « .
Reste à savoir quand la rivière pourra être dépolluée.