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Compte tenu du retard pris, du contexte économique défavorable et des recours, la SAS La Forêt a décidé, la mort dans l’âme, de mettre fin à son projet de méthaniseur à Dreuil-lès-Amiens et Ailly-sur-Somme.
Les faits
En décembre 2020, la Société par actions simplifiées (SAS) La Forêt basée à Saveuse et regroupant six agriculteurs, lance un projet d’une unité de méthanisation à Dreuil-lès-Amiens et Ailly-sur-Somme.
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Via l’arrêté d’enregistrement du 28 octobre 2021, la préfecture de la Somme donne son accord à l’implantation de cette Installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), considérant que le méthaniseur n’engendrera pas nuisances visuelles, olfactives et sonores. Picardie Nature et France Nature Environnement y sont également favorables.
Dans le même temps, plusieurs recours sont lancés devant le Tribunal administratif d’Amiens par des habitants hostiles au projet ainsi que de la mairie de Dreuil-lès-Amiens qui considère que le lieu d’implantation choisi est trop proche des habitations.
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Contre le préfet de la Somme, l’Association pour le maintien de la qualité de vie à l’ouest amiénois réclame, ainsi, l’annulation de l’arrêté préfectoral du 28 octobre 2021 et la condamnation de l’État au paiement d’une somme de 3 000 euros.
Victoire pour les opposants au projet de méthaniseur de Dreuil-lès-Amiens et Ailly-sur-Somme ! La mort dans l’âme, la SAS La Forêt a décidé de l’abandonner. Elle l’a fait savoir à la préfecture de la Somme via un courrier, daté du 9 novembre 2023, que nous avons pu consulter.
Compte tenu « du très gros retard » pris, « du contrat de gaz qui court », « de l’évolution des données économiques », des recours devant le Tribunal administratif de la commune de Dreuil-lès-Amiens et d’une association et des « très probables blocages » à venir, la SAS La Forêt est arrivée à la conclusion que le projet n’était « plus viable », écrit le président de La Forêt Benoît Corsyn. Quand bien même le TA trancherait en faveur des porteurs du projet. « Aussi, afin de limiter les coûts et donc les pertes pour chacun, sur conseil de notre avocat, nous avons décidé de mettre fin au projet. Pour cela nous vous demandons à grand regret d’annuel l’arrêt d’ICPE du 28 octobre 2021 ».
« On ne nous a laissé aucune chance »
Contacté ce lundi 8 janvier, Benoît Corsyn ne souhaite pas commenter outre mesure l’abandon de ce projet qui a fait couler beaucoup d’encre et qui, selon lui, a été « maltraité » médiatiquement. En son nom propre, il se dit très amer envers les opposants : « Mes propos n’engagent que moi mais j’espère sincèrement que les habitants d’Ailly, Dreuil et Saveuse paieront le plus cher possible leur énergie ! Dans toutes les régions de France, y compris chez nous, à Cottenchy et Estrées-sur-Noye, les unités de méthanisation permettent de maintenir le coût de l’énergie au plus bas. Je suis désolé pour les foyers modestes mais là on marche sur la tête. »
Les porteurs du projet n’ont-ils finalement pas péché dans la pédagogie ? « Non, le problème est qu’il y a eu trop de désinformation autour de ce projet, on a fait peur aux gens ! rétorque Benoît Corsyn. Des politiques ont aussi retourné leur veste, nous ont chié (sic) dans les bottes ! Le comble, c’est que nous étions prêts à travailler sur certains points du projet pour lever des doutes, voire à modifier des choses, mais on ne nous a jamais laissé cette chance. Une fois le pavé lancé dans la mare, il n’y avait plus moyen de discuter avec les opposants qui multipliaient les actions. »
La préfecture de la Somme demande au tribunal administratif un « non-lieu à statuer »
À la suite du courrier d’abandon du projet, la préfecture de la Somme a, de son côté, « abrogé », le 23 novembre 2023, son arrêté portant enregistrement de l’ICPE du 28 octobre 2021. En clair, les dispositions autorisées pour les installations projetées à Ailly-sur-Somme et Dreuil-lès-Amiens n’ont plus lieu d’être après ce nouvel arrêté préfectoral signé par le secrétaire général Emmanuel Moulard.
Ce dernier a, dans la foulée, écrit à la présidente du Tribunal administratif d’Amiens, Florence Demurger, pour demander - argumentaire juridique à l’appui - de prononcer « un non-lieu à statuer » dans la requête de l’Association pour le maintien de la qualité de vie à l’ouest amiénois contre le préfet de la Somme.
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