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Le Perchay: les opposants déposent un recours

Fabrice Cahen — le 21 septembre 2022

Aussitôt l’annonce faite d’un projet d’usine de méthanisation agricole au Perchay, le collectif Demain le Vexin s’est constitué autour d’habitants indignés qui l’ont fait savoir lors d’une manifestation devant des élus et les porteurs du projet. L’association compte une centaine d’adhérents. Des politiques s’impliquent dans la démarche du collectif. Le sénateur (Renaissance) Alain Richard leur aurait adressé son soutien. Des chasseurs également, qui s’inquiètent de cette agriculture qui détruirait de la faune lors de la récolte des cives (culture intermédiaire à vocation énergétique). Depuis, ces opposants alertent sur cequ’ils considèrent comme « une aberration écologique ». Ils parlent d’un « Vexin sacrifié ». Une pétition a récolté plus de 16 400 signatures, surtout depuis que « l’installation de quinze méthaniseurs a été évoquée dans la future charte du Parc naturel régional du Vexin français », avance Jean Lyon, président de l’association Demain le Vexin. Il dénonce le programme qui inquiète au-delà du village du Perchay.

Le trafic routier

Parmi les nombreuses réserves des habitants, il y a le flou sur la nature des déchets qui seront utilisés pour la méthanisation, même si la majorité des matières entrantes dans l’usine proviendraient de la production agricole. « Cultiver pour créer des déchets, ce n’est pas une agriculture raisonnée », dénonce Christian Dubost, vice-président. « L’agriculture de ce territoire est déjà majoritairement destinée à de la production non alimentaire », assure-t-il.

« On nous considère comme des emmerdeurs »

Parmi les craintes des riverains, il y a le trafic routier qui traverserait les villages de Santeuil, Us et Le Perchay. « Des camions entreront chaque jour dans l’usine et ressortiront pour épandre les digestats dans les champs », avance Christian Dubost. Une zone de 2 000 ha d’épandage est évoquée dans l’étude de réalisation.

L'environnement

Les membres de l’association se sont formés sur la méthanisation et sont allés voir des installations existantes. Leur constat est déconcertant. « À Ivry-le-Temple (Oise), des habitants se calfeutrent dans leur maison pour ne pas être incommodés par les odeurs », rapporte une des membres de Demain le Vexin. Au Perchay, le futur méthaniseur serait dans l’axe des vents dominants, à moins de 500 mètres des premières habitations. « La commune a investi pour rendre son cadre de vie plus agréable. Elle a mis des années à désaffecter une exploitation agricole en friche et elle a fait disparaître un affreux château d’eau en béton et maintenant on voudrait nous imposer une usine à gaz », s’indigne le vice-président, alors que le village est sous les contraintes de réglementations imposées par les architectes des bâtiments de France, en raison du Pnr. « Ici, on ne peut pas mettre de panneau solaire, ni d’éolien, mais l’État va imposer des méthaniseurs », se désole Christian Dubost, alors que la préfecture du Val-d’Oise a accordé le permis de construire pour l’aménagement d’une usine de méthanisation agricole. « Des tonnes de bétons vont être utilisées pour installer cette usine, qui a une durée de vie d’une quinzaine d’années. Une nouvelle friche à venir. Sans évoquer les autres risques pour l’environnement. Il y a déjà eu des accidents graves, liés à cette méthode de méthanisation dépassée », estime un membre du bureau de l’association. « Une consultation publique a été accompagnée de 432 contributions, balayées d’un revers de main par la préfecture », s’insurge Jean Lyon. Une réunion publique a depuis été organisée à Santeuil, « après que le permis de construire a été accordé », déplore le président de Demain le Vexin.

L'absence de dialogue

« Nous ne sommes pas des opposants intégristes, nous sommes ouverts au débat », prévient le représentant de l’association. Le collectif a tenté d’engager des discussions avec les décideurs, notamment le Parc naturel régional du Vexin français. « On nous considère comme des emmerdeurs, alors que nous sommes des interlocuteurs », défend Jean Lyon. Ne parvenant pas à se faire entendre, le collectif a décidé d’attaquer le projet en justice et un recours a été déposé au tribunal administratif. « Nous irons jusqu’au Conseil d’État s’il le faut ! ». Leur combat continue.