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Énergies renouvelables : les oppositions fourbissent leurs armes

| Les Échos | News

Le texte est à peine connu, le débat parlementaire non esquissé, que les oppositions s'échauffent déjà. Concerté au coeur de l'été, le projet de loi d'accélération des énergies renouvelables, une des propositions phares du candidat Macron pour rattraper le retard de la France en la matière , sera présenté le 26 septembre en Conseil des ministres. Il sera ensuite discuté au Sénat fin octobre ou début novembre, avant d'arriver au Palais-Bourbon entre mi-novembre et début décembre.

Si la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a pris soin de dire que des éléments pourraient être ajoutés, sur l'agrivoltaïsme par exemple, cette législation d'urgence s'impose comme un test à haut risque pour un exécutif sans majorité absolue , rattrapé par les crises climatique et énergétique.

Bataille en vue sur les éoliennes

« En l'état, le texte n'est pas à la hauteur des enjeux. Chez nous, il est accueilli avec les plus vives réserves », prévient d'emblée le patron des députés LR Olivier Marleix , dont le groupe de 62 députés joue désormais un rôle pivot. « Nous attendions du gouvernement qu'il tire les leçons de la situation dans laquelle nous sommes : un mendiant énergétique ! Il aurait fallu commencer par réécrire une politique énergétique cohérente », estime-t-il.

Le député d'Eure-et-Loir déplore, entre autres, l'absence de mesure sur la méthanisation « avec laquelle nous pourrions nous passer du gaz russe ». Il laisse entendre que la bataille se jouera aussi sur les éoliennes . « Ce que le gouvernement nous propose c'est de défigurer un peu plus la France », lâche-t-il.

La manne budgétaire générée par l'éolien et le solaire n'en finit pas de grossir

Peu disert sur ce projet de loi, le RN n'en reste pas moins vent debout contre un quelconque déploiement. « Si quelqu'un est responsable de notre dépendance envers la Russie, ce sont les idiots ou les naïfs qui ont misé sur l'éolien et le solaire », a lancé la cheffe de file Marine Le Pen, à l'occasion de l'université d'été de son parti au Cap d'Agde dimanche.

« Manque d'ambition »

Les Insoumis, eux, ont déjà donné le ton . « Nous ne comptons pas voter le texte », a asséné Mathilde Panot dans une interview à Médiapart. La présidente du groupe LFI à l'Assemblée dénonce une loi qui « donne des pouvoirs trop forts à l'exécutif », et « zéro mesure sur l'efficacité et la sobriété énergétique ». « On se donne quand même le temps de l'examen du texte », tempère Clémence Guetté, députée du Val-de-Marne et vice-présidente du groupe, tout en énumérant une série de « problèmes », à commencer par « ce qui n'est pas dit », notamment « la relance du nucléaire présentée comme une évidence dans l'exposé des motifs ».

La progression du solaire se heurte à la spéculation foncière

Verts et socialistes, tout en tançant le « manque d'ambition » du texte, se montrent plus nuancés. L'idée est d'abord de regarder les choses « dans un esprit constructif », assure le député de Meurthe-et-Moselle Dominique Potier. Les socialistes viendront donc « avec des principes et des propositions concrètes », dit-il.

En attendant les débats, pas question de s'avancer sur un quelconque vote. « A ce stade, ça paraît peu pertinent », appuie Charles Fournier, porte-voix des écologistes sur le texte. « Cela dépendra des avancées qu'on aura pu intégrer. »

Recours au 49.3 ?

Le gouvernement pourrait-il avoir recours au 49.3 pour faire adopter son projet ? « Je ne peux pas imaginer qu'à l'heure où la France doit accélérer sur les renouvelables, nous soyons dans une situation de blocage », veut croire Jean-Marc Zulesi (Renaissance), qui préside la Commission du développement durable. Une mission spécifique sur le sujet vient d'y être lancée, « un travail, donc, avec tous les courants politiques », souligne le député des Bouches-du-Rhône.