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“C’est l’enfer” : le méthaniseur de La Chapelle a l’autorisation de s’agrandir, le voisin conteste


| Charente Libre | News

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À la tête d’un domaine de 80ha en contrebas du méthaniseur de La Chapelle, Philippe Denavit en dénonce les bruits, odeurs et pollution. Il demande la nomination d’un expert judiciaire et conteste le permis de construire pour extension, accordé par l’Etat.

Un expert judiciaire permettra-t-il d’éclaircir le dossier touffu opposant Philippe Denavit, habitant de « La Sangle » à La Chapelle, à la SAS Méthanisation Dessous Machecot, qui exploite l’unité de méthanisation juste au-dessus, le long de la D737, entre Vouharte et le bourg ? C’est l’espoir de Philippe Denavit, à la tête de la SCEA La Cressonière, qui va demander ce mercredi 11 juin au tribunal d’Angoulême de nommer un expert judiciaire sur le sujet.
« Avec l’objectif d’être entendu par l’exploitant et les services de l’État sur la sécurisation du site », souligne Philippe Denavit, qui conteste, devant le tribunal administratif de Poitiers, le permis de construire accordé par la préfecture de Charente à la société de méthanisation le 24 mars dernier. « Pour une demande d’extension qui ne ferait qu’aggraver une situation déjà critique », dénonce le propriétaire d’un domaine agricole de 80 ha, dont 20 ha d’étangs en zone Natura 2000, où l’élevage de chevaux côtoie une partie en sylviculture.

« Il y a pour moi un risque avéré de pollution des eaux souterraines et superficielles incompatible avec la zone Natura 2000 en contrebas. »

Un site remarquable qu’il a racheté il y a quatre ans, « quand le méthaniseur était à l’arrêt ». Les griefs du voisin sont compilés dans un dossier épais, où figurent des PV d’huissier, observant « un bruit constant de machines de type ronronnement qui ne cesse jamais (puis) un bruit beaucoup plus important et strident » en date du 18 mars dernier, en plus d’une « très forte odeur nauséabonde : il devient très désagréable de rester à l’extérieur ». « Notre maison est à seulement 280 m plus bas. On subit des nuisances olfactives répétées depuis plus d’un an quand le vent souffle du Nord-Est, accuse Philippe Denavit. C’est l’enfer, d’autant que le méthaniseur, approvisionné à l’origine par des matières végétales, reçoit des déchets très odorants, sang, lisier de porc…»
Produire de l’électricité, de la chaleur et des engrais à partir de déchets. C’était l’objectif de la première unité de méthanisation agro-industrielle mise en route en Charente en 2014. Créé par un agriculteur local, Thierry Paponnet, le site de 3 hectares a été revendu en 2019 avant d’être racheté en mars 2023 par la SAS Méthanisation Dessous Machecot. « Notre unité fonctionne dans le respect du régime des installations classées pour la protection de l’environnement et ne traite que des matières pour laquelle elle est autorisée », précise Jean-François Roudaut, président de la société, qui prévoit de démarrer les travaux d’extension avant la fin de l’année. Les entreprises intervenantes ne sont pas toutes désignées ».

Non-conformités constatées par la Dréal

« Mais ça fait longtemps que le bassin qui reçoit les eaux pluviales est percé : tout part en aval », dit Thierry Paponnet, qui exploite les terres autour du méthaniseur. Sauf la partie sous le bassin : « Semer ici ne sert à rien, ne poussent que des chardons et adventices. » Les conséquences environnementales, c’est ce qui inquiète Philippe Denavit. « Il y a pour moi un risque avéré de pollution des eaux souterraines et superficielles, incompatible avec la zone Natura 2000 en contrebas. D’autant qu’ici, on dépend d’un forage privé pour notre eau potable », reprend le propriétaire, tombé des nues devant le rapport de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dréal) rendu le 8 avril dernier.

Une vingtaine d’actions correctives sont exigées dans un délai de un à trois mois face à des non-conformités concernant le réseau de collecte des eaux pluviales, le traitement du biogaz, le rejet des effluents, la détection de la radioactivité ou encore la limitation des nuisances. « L’inspection a relevé des non-conformités majeures liées à la maîtrise des risques d’incendie et d’explosion », note la Dréal, en annonçant une nouvelle inspection d’ici la fin 2025 pour vérifier que les travaux ont bien été menés. « Nous demeurons très attentifs aux recommandations de la Dréal et y répondons systématiquement », commente Jean-François Roudaut, sans dire si des travaux correctifs ont été menés.

Ça n’a pas empêché le préfet de prendre un arrêté portant sur l’enregistrement de l’unité de méthanisation au titre des installations classées pour la protection de l’environnement le 9 mai dernier, qui « vaut autorisation d’exploiter, dans les limites fixées par les prescriptions qui y figurent », précise la préfecture (lire encadré). « C’est à se demander si les services de l’État communiquent entre eux », lance Philippe Denavit, qui n’est pas opposé « par principe » au méthaniseur, « pourvu que le site soit aux normes. »

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