Pas de transition énergétique sans les gaz renouvelables
C’est l’une des leçons du sondage réalisé par l’institut CSA, pour le compte d’ENGIE, auprès de 10 000 citoyens de 10 pays : 89 % des Européens veulent que la transition énergétique progresse et 81 % pensent qu’elle doit passer par les énergies renouvelables… mais seulement 9 % y associent les gaz verts.
Bien à tort, car la molécule a un rôle crucial à jouer. Explications.
Pourquoi les gaz décarbonés occupent-ils une place centrale dans notre stratégie ?
ENGIE est convaincu que l’alliance de la molécule et de l’électron, c’est-à-dire du gaz et de l’électricité, est la solution la plus fiable et la plus compétitive pour atteindre le net zéro carbone en 2045. Elle permet d’assurer la fiabilité du système énergétique. En effet, à court et moyen terme, le tout-électrique n’est pas un scénario réaliste.
Par exemple, si on voulait répondre aux pics de consommation en France avec des solutions uniquement électriques, il faudrait construire l’équivalent de 90 réacteurs nucléaires supplémentaires, et doubler la taille du réseau électrique, ce qui est irréaliste.
Le gaz naturel est un complément nécessaire pour fournir au plus grand nombre une énergie abordable. Il constitue en outre une énergie de transition aux nombreux atouts. Il est moins carboné que le pétrole et le charbon, et se verdit. Il est facilement stockable, et apporte donc de la flexibilité au système énergétique.
Sait-on vraiment décarboner le gaz ?
D’immenses progrès ont été réalisés pour décarboner l’électricité. Les sources renouvelables se déploient massivement : l’an dernier, le monde a ajouté 50 % de capacité électrique renouvelable de plus qu’en 2022. En Allemagne, en Espagne ou au Portugal, ces énergies propres ont représenté plus de la moitié de la consommation d’électricité en 2023. Du jamais vu.
Sur la molécule, le processus de décarbonation est en cours. Nos objectifs diffèrent selon les géographies d’implantation. En Europe de l’Ouest, notre ambition est de remplacer progressivement le gaz naturel par des gaz renouvelables comme le biométhane, les gaz de synthèse et l’hydrogène vert. Rappelons que le biométhane émet huit fois moins de CO2 que le gaz naturel si on considère l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Dans d’autres pays du Groupe, nous sommes dans une phase de transition consistant à remplacer le charbon et le pétrole par du gaz naturel, moins émetteur de CO2.
Quels sont les atouts des gaz verts ?
Le biométhane et les méthanes de synthèse ont les mêmes caractéristiques que le gaz naturel : ils sont donc compatibles avec les infrastructures gazières existantes, ce qui limite les investissements nécessaires. Leur production est locale, ce qui stimule la création d’emplois non délocalisables, contribue à l’indépendance et à la sécurité énergétique du territoire et encourage l’économie circulaire en valorisant les déchets.
Par ailleurs, l’hydrogène renouvelable, notamment sous ses formes de dérivé liquide (ammoniac et méthanol), présente un intérêt majeur pour décarboner des filières à haute intensité énergétique, comme la mobilité lourde (fret, maritime, aérien) et de nombreux secteurs industriels.
Quelle est la feuille de route d'ENGIE ?
Le Groupe s’est engagé sur une trajectoire de neutralité carbone à l’horizon 2045 qui implique d’aller vite dans le développement des gaz renouvelables. Nous visons une capacité installée de production de biométhane en Europe de 10 TWh pour 2030, et de commercialiser à cette date 30 TWh de méthane renouvelable par an dans le monde. Nous avons fait récemment de belles acquisitions au Royaume-Uni et aux Pays-Bas qui consolident notre présence en Europe. Notre capacité de production installée s’élève à 1,1 TWh.
Dans l’hydrogène renouvelable, notre ambition est de produire par électrolyse 4 GW dans le monde d’ici 2035.
Quels sont les avantages compétitifs du Groupe ?
Depuis les premières installations en 2011, la filière de production de biométhane en France est devenue la plus dynamique d’Europe. Or ENGIE est l’un des leaders du biométhane en France avec 0,7 TWh de capacité annuelle de production. Notre implantation locale, la préexistence d’infrastructures adaptées, la force de nos activités de commercialisation, la conjugaison de nos expertises en France et à l’international sont autant d’atouts qui nous positionnent sur le marché européen comme un acteur majeur. Ces derniers mois, nous avons d’ailleurs annoncé plusieurs bonnes nouvelles du point de vue commercial, dont la signature de Biomethane purchase agreements (BPA) avec les géants Veolia et BASF.
Quels défis majeurs doivent encore être relevés pour décarboner le gaz ?
Au-delà des aspects économiques liés aux mécanismes de soutien, ou techniques, comme l’amélioration des procédés et le déploiement des filières innovantes (pyrogazéification, gazéification hydrothermale, méthanation), la décarbonation du gaz nécessite de concilier les enjeux nationaux de la transition énergétique et les enjeux locaux de ceux qui la vivent. Les riverains nourrissent des craintes bien légitimes, par exemple sur les éventuelles nuisances olfactives. L’acceptabilité sociétale passe par un dialogue sur le terrain permettant de convaincre des avantages des gaz renouvelables.
L’évolution de la règlementation est aussi primordiale. À cet égard, le décret sur les Certificats de production de biogaz (CPB) publié mi-juillet en France est un signal très positif. Ce dispositif oblige les fournisseurs de gaz naturel à acquérir un certain volume de gaz “verts”, soit en en produisant directement, soit en achetant des certificats auprès des producteurs de biométhane.
Les moteurs de notre croissance
Le développement d’ENGIE dans les gaz renouvelables repose tout d’abord sur un programme d’investissements qui concerne à la fois la production et les réseaux. Ainsi nous comptons investir 3 milliards d’euros dans la production de biométhane d’ici à 2030, et 2,5 milliards d’euros dans les connections des sites d’injection au réseau.
En 2023, nous avons racheté Ixora Energy Ltd, leader de la production de biométhane au Royaume-Uni. Nous nouons également des partenariats industriels sur des projets comme Salamandre (production de gaz de synthèse), avec le groupe de transport maritime CMA CGM, ou HyPSTER (démonstrateur de stockage à échelle industrielle d’hydrogène vert en cavité saline), déployé par un consortium d’entreprises européennes sous le leadership de Storengy.
D’autre part, ENGIE mise sur la recherche et l’innovation à travers ses laboratoires Crigen et Laborelec et des prises de participation dans des jeunes pousses – comme récemment Wase ou Cryocollect. Enfin, c’est tout le Groupe qui se transforme pour accompagner la transition vers les gaz décarbonés. Nous sommes en train de développer la formation et l’expertise de nos collaborateurs dans les gaz renouvelables, comme l’ouverture en septembre prochain de la première formation dédiée au biométhane sur le campus de NaturaPôle en France.
Les points à retenir :
- Notre stratégie repose sur l’alliance de l’électron et de la molécule.
- L’enjeu est de décarboner progressivement le gaz naturel.
- Issu de la biomasse, le biométhane émet 8 fois moins de CO2 que le gaz naturel. Il est compatible avec les infrastructures gazières existantes, stimule l’économie circulaire et la création d’emplois dans les territoires.
- D’autres gaz renouvelables sont en cours de déploiement : il s’agit de l’hydrogène renouvelable et des gaz de synthèse produits à partir de déchets organiques. Ils participeront à décarboner en particulier les secteurs comme la mobilité lourde ou de nombreux secteurs industriels.
- Le Groupe s’est engagé sur une trajectoire de neutralité carbone à l’horizon 2045 qui s’accompagne de fortes ambitions dans les gaz renouvelables.