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Décarbonation des poids lourds : les filières du bioGNV et des biodiesels font front commun


| Décision PL | Lobbying
2040 devrait marquer la fin de la vente de camions diesel en Europe. Les filières des biodiesels et du bioGNV s’allient pour être considérées par l’Union européenne comme neutres en carbone avant 2027.

| Décision PL | Lobbying

Ce n’est pas la première fois que France Mobilité Biogaz s’inquiète de l’exclusion du bioGNV du règlement européen sur les émissions de CO2 des véhicules utilitaires lourds neufs. Sauf que cette fois, la filière s’associe avec celle des biodiesels de type esters méthyliques d’acides gras, représentée par Esterifrance. 

L’électrique et presque uniquement l’électrique. C’est ainsi que l’Union européenne veut décarboner le monde du transport routier. Les normes d’émissions de CO2 des véhicules lourds, adoptées en juin 2024, vont clairement dans ce sens. Si l’hydrogène peut également servir à cette cause commune, ce n’est visiblement pas le cas du biogaz. Ce qui ne manque pas de faire réagir la filière, représentée par France Mobilité Biogaz et qui s’était déjà mobilisée il y a exactement un an. « Le biogaz offre une solution immédiate et complémentaire à d’autres technologies comme l’électrique et les biocarburants. Ses avantages incluent une faible empreinte carbone et une dépollution locale efficace. Ce serait aberrant de se passer d’une solution mature et ayant fait ses preuves. Il ne faut pas se priver de ce qu’on a sous la main », rappelait son secrétaire général en décembre dernier à Décision Poids Lourd.

Réviser le règlement avant 2027

Le problème étant que les considérations politiques ne voient pas les choses du même angle. Pour l’Union européenne, seules les émissions directes à l’échappement comptent. Fonctionnant avec un moteur à combustion interne, le biogaz en émet forcément. À l’inverse, les motorisations électriques ou hydrogène à pile à combustible sont irréprochables. « Cette approche ignore la contribution à la décarbonation permise par nos filières qui captent du carbone lors de la production de leurs carburants », se lamente France Mobilité Biogaz en février 2025, dans une note commune publiée avec Esterifrance, qui représente la filière des biodiesels de type esters méthyliques d’acides gras. Ces deux alternatives bas-carbone ne comprennent pas leur exclusion de la catégorie des énergies renouvelables. Raison pour laquelle les deux associations montent au créneau ensemble.

« Nous comprenons le choix de l’électricité comme énergie clé sur le chemin de la décarbonation, et nous affirmons que son développement mérite d’être encouragé. Cependant, il est contreproductif de l’imposer comme unique énergie au mépris de la neutralité technologique », poursuivent-elles d’une même voix. Esterifrance et France Mobilité Biogaz apposent également que leur exclusion est « incohérente avec les règles fixées par la directive européenne relative aux énergies renouvelables », puisqu’elles sont biogéniques et que leurs émissions de CO2 à l’usage doivent donc être considérées comme nulles. Les deux filières estiment que toutes les énergies disponibles devraient être mobilisées pour décarboner le transport routier. Passer aux camions électriques ou hydrogène implique des coûts financiers que tous les transporteurs ne peuvent pas se permettre ; malgré des appels à projet et des aides plus ou moins accessibles.

Trois demandes claires

Dans leur note commune, France Mobilité Biogaz et Esterifrance défendent la reconnaissance de ces carburants comme neutres en carbone ; la prise en compte de la part renouvelable dans les carburants distribués et l’homologation de véhicules utilisant exclusivement des carburants biogéniques. Elles demandent surtout la « révision du règlement CO2 véhicules lourds sans attendre 2027. » L’entrée en vigueur de cette réglementation européenne est attendue pour 2040. En plus de miser sur le bénéfice environnemental de leurs filières, les associations misent sur le fait qu’elles « permettent de contribuer à l’autonomie énergétique » du continent. Reste à savoir si ces arguments, qui n’ont pas trouvé de résonance au Parlement européen jusqu’ici, finiront pas être entendus. Rien n’est moins sûr.

Lobbying