Nuisances olfactives en provenance d’une installation de méthanisation
ARIA le 8 mai 2021
Sur un site de méthanisation, une succession d’incidents entraîne des nuisances olfactives pour les riverains. Le grappin convoyant le fumier (principal intrant du digesteur) vers les trémies d’incorporation tombe en panne. Le digesteur étant par ailleurs alimenté avec des graisses végétales, un déséquilibrage biologique se produit. L’exploitant constate une montée des acides gras volatiles (AGV) dans le digesteur en raison d’une quantité trop importante de graisses. La production de biogaz et la teneur en CH4 du biogaz décroissent tandis que la température du digesteur s’élève anormalement. L’exploitant stoppe l’introduction de graisses puis, 10 jours plus tard, étant donné que les paramètres de fonctionnement ne s’améliorent pas, il interrompt complètement l’introduction de matière dans le digesteur. Le réensemencement du digesteur, à partir de lisier et digestat en provenance d’un autre site, démarre 2 semaines plus tard. L’évolution biologique est alors favorable et le digesteur reprend son fonctionnement habituel.
Plusieurs problèmes d’odeurs se produisent pendant la phase dégradée au cours de laquelle le digesteur n’est plus alimenté, puis lors de la remise en service :
- les intrants (lisier et graisses) ont continué à être reçus et se sont accumulés sur site en bâtiment et en extérieur (stockage prolongé sur plusieurs semaines contre quelques jours d’habitude). Ils ont commencé à fermenter en générant des odeurs ;
- suite à l’arrêt de l’alimentation en intrants du digesteur, le biogaz produit, non conforme, ne pouvait être envoyé ni en chaudière ni en épurateur. Le biogaz n’a pu être torché en raison de travaux sur la torchère. Du biogaz a donc été émis à l’atmosphère pendant la phase d’arrêt du digesteur puis, de manière plus importante, lors de la phase de réensemencement. Une importante mobilisation des riverains a lieu en raison des nuisances olfactives ;
- préalablement à la phase de réensemencement du digesteur, il a fallu extraire une partie du digestat malade, riche en AGV et donc plus odorant qu’un digestat habituel.
Suite à cet épisode s’étalant sur près de 2 mois, l’exploitant met en place plusieurs mesures :
- recherche de filières alternatives de gestion des intrants pour éviter tout stockage de longue durée sur le site ;
- boisement du site du côté le plus proche des habitations ;
- dépotage du fumier à l’abri du vent et interdiction de livraison de fumier en fin de journée ;
- mise en place avec le conseil municipal d’un système pour être alerté en cas de gênes olfactives perçues par les riverains. Une réunion d’information est par ailleurs organisée.
Un arrêté préfectoral de mise en demeure est pris le 27/08/2019 pour le respect de certaines prescriptions réglementaires prévenant les nuisances olfactives.