C'est d'abord l'odeur qui a alerté les riverains, à la fin du mois de mai. Pas vraiment les effluves fleuris habituels du printemps mais plutôt de l'ammoniaque, des pourritures et de la fosse septique.  "C'était irrespirable, plus fort que d'habitude, vraiment insupportable et quotidiennement", se souvient un habitant du secteur du méthaniseur de Gramat, exploité par l'entreprise Bioquercy. Quand c'est le cas, l'habitant ferme portes et fenêtres et coupe même la ventilation. Il est gêné parce que l'air est nauséabond et inquiet parce qu'il ne sait pas trop bien ce qu'il respire. " Il y a les odeurs mais aussi ce que l'on respire, des gaz inodores qui pourraient être néfastes pour la santé", explique le Lotois qui dit " subir ces nuisances depuis la mise en service du site", en 2018. Lui pense que le problème vient du filtre à charbon : " Ils ne les changent pas assez régulièrement alors que ça permet d'améliorer un peu les odeurs".

Toujours est-il que le riverain écrit à la préfecture, au collectif citoyen lotois et à plusieurs élus pour dénoncer la situation. Les services de l'Etat prennent l'affaire au sérieux : le 30 mai, une inspection est diligentée sur le site du méthaniseur. " L'inspection a été organisée dès le 30 mai à la suite du signalement par l'exploitant d'un incident d'exploitation survenu le 29 mai en soirée. Il s'agit d'une rupture d'un tuyau qui a amené au débordement du prédigestat sur une zone étanche du site de Bio Quercy", indique la préfecture du Lot à La Dépêche du Midi.

Une rupture de tuyau

Les services de l'Etat dans le Lot prennent alors un arrêté " de prescriptions de mise en sécurité et de mesures immédiates " le 5 juin dernier. " L'arrêté de prescription préfectoral s'inscrit dans le suivi rigoureux et régulier mis en place par les services des installations classées. Il prescrit la mise en sécurité du site pour encadrer la remise en service du site", précise encore la préfecture du Lot. 

La préfecture a obligé l'exploitant à "procéder au pompage et au nettoyage du débordement sur le site ", d' " arrêter la réception de déchets le temps de la remise en service" et d'évacuer " les déchets issus de l'accident". L'exploitant a aussi reçu l'obligation de récurer le tronçon de la tuyauterie endommagé, de fournir un rapport d'accident dans les 15 jours et un diagnostic sur l'impact environnemental et sanitaire dans le mois suivant les faits. Enfin, l'arrête somme également Bioquercy de " procéder au traitement des odeurs liées à l'accident " et de " tenir informés les riverains". 

Riverains qui sont justement inquiets pour leur santé même si la préfecture assure que  " l'inspection diligentée le 30 mai sur site a permis de constater que l'évènement était maîtrisé et qu'aucun déversement n'a eu lieu hors site et hors rétention". Et le collectif citoyen lotois, vent debout contre le méthaniseur depuis 2018, est en colère.  " On ne sait pas vraiment à quoi correspond cette fuite de digestat, on ose espérer en tout cas que comme le veut l'usage, la Dreal réalise un rapport", explique un membre du collectif. " C'est toujours inquiétant, il peut y avoir des conséquences pour les habitants et pour l'environnement avec un risque d'infiltration dans le sol ", poursuit-il. Enfin, la préfecture assure qu'un prochain contrôle sera mené dans le cadre de l'arrêté.

" Il n'y a aucun risque de pollution ", assure Bioquercy

" Il s'agit d'une fuite à l'intérieur de nos organes de production. Le site est sous rétention et étanche, nous avons donc une capacité à retenir les éventuels polluants et traiter les effluents qui peuvent émaner d'une fuite. Il n'y a aucun risque d'infiltration dans le sol, aucun risque de pollution. D'ailleurs, la moindre goutte d'eau resterait aussi confinée sur le site, c'est une obligation réglementaire. Le digestat qui a fuité était en cours de fermentation donc issu de notre production. Il a été contenu dans la rétention puis réinjecté dans la production", explique un porte-parole du groupe Bioquercy. Selon lui, c'est un problème mécanique au niveau d'une vanne qui a engendré ce déversement. " Une pièce située au niveau de la bride d'attachement d'une vanne s'est brisée comme cela peut arriver ponctuellement sur des sites industriels comme le nôtre", précise-t-il encore. Le responsable indique également que la fuite a été réparée dans les heures qui ont suivi permettant une reprise de l'activité, avec l'autorisation de la préfecture, très rapidement. " Pour nous, c'est un évènement d'une faible intensité qui a été maîtrisé et sans arrêt majeur", résume-t-il.