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Son maire en tête, le village varois d'Ollières contre la méthanisation


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Le projet d’unité de production de biogaz par méthanisation, développé à Ollières, n’est pas du goût d’Olivier Barthélémy, le maire. Pas plus des riverains, qui se sont mobilisés ce lundi.

Environ 70. Ce n’est pas rien pour cette première mobilisation. Plus de 10% des 650 Olliérois recensés en 2022 se sont rassemblés hier matin devant le portail menant à la carrière du Garragaï, au sud du village. Là, le long de la D203, à proximité de l’aire d’autoroute de Saint-Hilaire, un projet se développe sous l’œil inquiet de la municipalité. Inquiet, voire furieux. Car le maire, Olivier Barthélémy, n’en est pas à sa première diatribe contre l’unité de production de biogaz par méthanisation qui pourrait sortir de terre sur quatre hectares de forêt, pour douze hectares de consommés en totalité.

Lors d’un récent conseil municipal, puis à ses vœux, le premier magistrat l’a répété: il fera tout pour empêcher la concrétisation de cette unité de méthanisation. Et il emmène derrière lui une bonne partie des habitants d’Ollières, dans un combat qui semble ne faire que commencer.

Les nuisances inquiètent

"Toute l’équipe, dans son unanimité, s’oppose farouchement au projet que la société Gazovar veut implanter par la force sur notre commune." Et de déployer un argumentaire contre cette "énergie prétendument verte" qui "fragilise l’agriculture durable" et qui "repose sur des processus polluants".

Dans les rangs des riverains, le chapitre sur les nuisances était également accueilli avec appréhension. "Les odeurs, les risques d’explosion, la circulation, la pollution de l’eau, du sol…" Jacqueline, Claudine et Pascale, trois Olliéroises, ne pouvaient masquer leurs craintes quant à l’implantation de l’usine. "On ne vient pas dans un petit village pour avoir ce genre de désagrément, on vient pour la tranquillité."

Plus loin, Jean-Pierre, Bernard et Jean-Philippe également se montraient circonspects: "On va faire venir des camions de toute la France, pour quels déchets? Et ce n’est que le début!" Autre argument, et pas des moindres, "la dévaluation des biens immobiliers" autour du site.

D’autres actions envisagées

Devant le portail fermé, un barnum a été posé, et on se réchauffe autour de café et de croissants tout en discutant de la suite. "Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre?", demandait cette habitante à un maire optimiste: "Normalement, ça ne se fera pas." Une confiance qui n’empêchera pas un collectif de se monter en association, afin d’envisager d’autres manières de s’opposer à l’unité de méthanisation. Une pétition, d’autres manifestations, la demande d’aide auprès d’Organisation non gouvernementale (ONG) une conférence avec un spécialiste des dangers de ce type d’unité sont autant d’actions qui pourraient aboutir.

En attendant, le dossier est toujours en instruction du côté de la préfecture. Avec un avis défavorable: celui de la mairie d’Ollières.

Opale énergie, porteur de projet, répond aux inquiétudes

S’il se heurte à une farouche opposition municipale, qui pourrait bien se transformer en opposition tout court, le projet reste, pour bon nombre de partenaires, assez vertueux. C’est en tout cas ce que défend Opale énergie, qui soutient son développement, avec Gazovar. Un soutien que la société est prête à matérialiser, sur place, auprès des habitants, par des rencontres et des conférences. « C’est en général ainsi que l’on procède, en expliquant, en rassurant. On est ouvert au dialogue, et c’est pour cette raison que nous avons sollicité une rencontre avec le maire. »

L’idée, pour Opale énergie, serait de pouvoir dissiper les idées reçues. « Mais nous n’avons pas eu de réponse de la mairie, et depuis quelques mois, plus d’échanges avec Monsieur le maire. » Et d’ajouter : « On aimerait vraiment établir le dialogue. Les craintes, on peut en parler. »

Alors parlons-en. Invitée à réagir à certains des arguments entendus lors de la manifestation, Opale énergie a joué le jeu.

Odeurs : « L’unité travaille en circuit fermé, entièrement hermétique. Dès que la matière entre dans l’unité, rien n’en sort, sauf sous forme de digestats, qui n’ont pas d’odeur spécifique. »

Trafic routier : « Il y aura forcément un accroissement de la circulation, mais pas dans le village, puisque les camions se serviront du pont de l’autoroute. »

Pollutions : « La réglementation qui encadre ce type d’unité est très stricte, avec par exemple une étanchéité totale du site. »

Explosion : « Le gaz produit n’est pas sous pression dans l’unité, et les explosions ne sont possibles que sous cette condition. C’est ensuite quand il arrive dans la conduite de GRTgaz [filiale d’Engie, Ndlr] que le gaz est sous pression. »

Déforestation et menace contre la biodiversité : « Il y aura une partie de défrichement et de débroussaillage. Mais selon notre étude d’impact environnemental quatre saisons, nous avons pris des mesures d’évitement, de réduction, et nous travaillons désormais à la compensation [préservation d’autres sites naturels, Ndlr]. »

Accroissement futur de l’activité : « Le dimensionnement de l’installation ne permet pas de faire évoluer la digestion des matières entrantes. Cela correspond à 20 000 tonnes par an, pour 250 m3/heure produits, soit l’équivalent de 21,5 GW/h/an. »

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