Le projet de méthaniseur de Cazères divise habitants et élus. Un collectif dénonce un manque de transparence et des risques pour l’eau, les sols et les terres agricoles. La mairie défend un projet local de transition énergétique.
Sur la commune de Cazères, un projet de méthaniseur inquiète certains habitants. Poussés par leur méfiance quant à l'impact de ce projet de « Agribiométha' Vac », ils ont décidé de créer le collectif : « Pas de méthaniseur à Cazères ».
De leur côté, les porteurs du projet, la famille Vaccari, affirment vouloir valoriser les effluents d'élevage et les matières végétales issues de leurs exploitations. Mais dans un courrier adressé à la municipalité, le collectif les interpelle sur plusieurs points : l'information du public, la transparence et la dimension démocratique du projet.
« Nous nous interrogeons sur l'impact écologique, avec la pollution possible des nappes phréatiques et des sols par l'épandage des digestats, la consommation importante d'eau et d'énergie, etc. », écrivent-ils. Le collectif juge également « inquiétant l'appauvrissement des digestats en matière organique par exportation du carbone, préjudiciable à l'évolution des sols ». D'autres points sont soulevés : « l'accaparement de terres et l'artificialisation d'environ 3 ha », un dossier « lacunaire concernant les volumes d'eau prélevés pour l'irrigation », les nuisances et risques en matière de sécurité, ainsi que « les enjeux financiers, avec un million d'euros d'argent public investi dans une installation privée ».
Sur la forme, le collectif regrette « l'inaccessibilité du dossier sur le site de la mairie durant la première semaine de la consultation publique », la technicité des documents et « l'impossibilité de consulter le permis de construire ». II conclut : « Nous vous signalons notre ferme opposition à ce projet et notre incompréhension quant à l'avis favorable émis par nos élus. »
La municipalité de Cazères explique de son côté que le projet « s'inscrit dans une vision locale de l'agriculture et de ses modes de production. Il s'agit également de répondre à des incitations nationales visant à favoriser la production d'un gaz local et vert, dans une logique de souveraineté énergétique et de réduction de la dépendance aux importations ».
Concernant les inquiétudes environnementales, elle précise : « Des élus et des habitants ont visité une unité de méthanisation agricole, permettant de constater l'absence de nuisances olfactives et une bonne intégration paysagère de l'installation.»
Dialogue manqué avec le collectif
Sur la question de la concertation, la mairie rappelle que « la municipalité a proposé deux rendez-vous, restés sans suite ». Une première date aurait été fixée « dès les premiers échos des interrogations du collectif », puis une seconde « en réponse à la lettre ouverte, restée sans retour ». En parallèle, « une information leur a été transmise concernant la permanence organisée par les porteurs du projet ». La mairie estime ainsi être confrontée à « un collectif fantôme se revendiquant anonyme, proclamant son opposition sans engager de dialogue ».
Enfin, la commune souligne avoir respecté la réglementation: « La consultation publique s'est déroulée en avril 2025 et les informations relatives au projet ont été publiées sur le site internet de la mairie de Cazères-sur-Garonne. » Le conseil municipal du 26 mai a rendu un avis favorable, sous réserve de mesures renforcées contre les nuisances olfactives, de la création d'une instance locale de concertation et d'une bonne intégration visuelle du site dans l'environnement.