Pourquoi le méthaniseur de Roanne est dans la liste des sites "présentant un indicateur préoccupant"

La présence du méthaniseur de Roanne dans la liste des 225 sites du pays pointés du doigt par Génération Futures dans un article, publié en ce mois d'avril, consacré aux rejets de PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées, également appelées polluants éternels, N.D.L.R.), interpelle. Lors de son inauguration en novembre 2023, il était présenté comme vertueux écologiquement, transformant boues de la station d'épuration et biodéchets issus du territoire en énergie verte.
L'unité de méthanisation roannaise produit chaque année, en effet, deux millions de mètres cubes de biométhane injectés directement dans le réseau de gaz naturel, et 27.000 tonnes d'engrais, fait savoir le groupe Suez, qui l'exploite. Elle "a fait l'objet d'une campagne de mesures pour évaluer la concentration en PFAS de ses rejets, comme 5.000 autres installations classées ICPE (Installations classées pour la protection de l'environnement, N.D.L.R.) en France", confirme-t-il.
Parmi elles, 146 établissements sont responsables à eux seuls de la quasi-totalité des émissions de PFAS, et 79 présentent "un indicateur préoccupant qui nécessite une surveillance accrue", selon Générations Futures. Le méthaniseur de Roanne est classé dans cette deuxième catégorie.
Des quantités importantes d'AOF (Fluor organique adsorbable)
Pour quelle raison ? Non pas des émissions directes de PFAS, donc, mais une quantité d'AOF (Fluor organique adsorbable) mesurée dans ses rejets d'environ 1.000 microgrammes par litre.
Et pour l'association de défense de l'environnement, "l'AOF est un indicateur pouvant indiquer la présence d'autres PFAS non mesurés. Les sites avec des quantités importantes d'AOF méritent un suivi particulier afin de confirmer ou non la présence de PFAS dans les rejets".
"Mobilisé sur le sujet des PFAS dès 2018, Suez a développé une expertise de pointe, avec la capacité de détecter une soixantaine de molécules de PFAS dans l'eau, les eaux usées et lixiviats des centres de stockage des déchets, les boues d'épuration, soit plus que les 20 ciblées par la réglementation européenne sur l'eau potable."
Le groupe Suez (qui exploite le méthaniseur de Roanne)
À ce sujet, Suez se montre rassurant : "La mesure de l'AOF est une méthode de détection des molécules de fluor organique contenues dans certains composés. Ces composés peuvent être des PFAS, mais pas uniquement. Ils sont présents dans de nombreux produits consommés ou utilisés par les particuliers et les entreprises, comme des médicaments, produits cosmétiques, textiles..."
L'entreprise rappelle qu'"à ce jour, il n'existe aucune règlementation ni aucun seuil de référence liés à la présence d'AOF dans les déchets, les eaux usées, les boues d'épuration". Et, met-elle en avant, "les analyses réalisées sur l'unité de méthanisation de Roanne ont montré l'absence systématique des 28 PFAS recherchés dans les effluents de l'installation".