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Pour GRDF, le réseau de gaz a les moyens de rester compétitif malgré la baisse attendue de la consommation


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Alors que la baisse de la consommation de gaz se poursuit et que le portefeuille de clients approvisionné en gaz se rétrécit, GRDF estime disposer de plusieurs leviers pour faire baisser la facture des clients et contrer le coût du gaz vert qui reste deux fois à trois fois plus élevé que le gaz fossile.

Comment répondre à la diminution de la consommation de gaz sans augmenter le coût pour les clients à l’avenir ? C’est à cette difficile équation que GRDF tente de répondre, alors que la part de gaz renouvelable, plus cher que le gaz fossile, est amenée à augmenter dans les prochaines années.

Miser sur les PAC hybrides

Entre 2023 et 2035, le gestionnaire du réseau de gaz envisage en effet une baisse des consommations de gaz de 2,9 % par an pour atteindre 282 TWh (contre 399 TWh en 2023) ainsi qu’un portefeuille de clients en légère baisse (–0,3 % chaque année) qui devrait se stabiliser autour de dix millions (contre onze millions avant la crise énergétique). Ces deux facteurs devraient naturellement contribuer à la hausse de la part du tarif de distribution dans la facture que payent les clients mais GRDF estime disposer de plusieurs leviers en main pour rester compétitif.

"Il faut consommer moins, consommer mieux et consommer vert", estime le directeur marketing, communication et relations filières de GRDF, Jérôme Chamblin, devant la presse, le 21 février. Autrement dit, "miser sur la sobriété et l’efficacité énergétique grâce à la rénovation des logements, et enclencher le renouvellement massif des chaudières alors que 50 % du parc français est composé de modèles d’anciennes générations, près de 30 % moins efficaces que les appareils plus récents". La filière mise aussi sur le développement de pompes à chaleur hybrides, combinant une pompe à chaleur électrique avec une chaudière à condensation gaz.

"Le gaz vert coûte plus cher que le gaz fossile, il faut donc travailler à faire baisser la consommation des clients et la part abonnement pour que le prix plus élevé du gaz vert ne soit pas un poids trop lourd dans la facture", explique Jérôme Chamblin. La filière mise en effet sur une augmentation de la part de biométhane injecté dans le réseau pour atteindre 20 % de gaz vert en 2030 (soit 60 TWh) et une part de 40 à 45 % en 2035 (120 TWh) contre 12 TWh en 2023. Le biométhane coûte entre 100 et 120 €/MWh contre 45 €/MWh pour le gaz fossile.

Pour soutenir la part croissante de gaz vert, le réseau nécessitera des investissements "relativement faibles si on les compare aux besoins du réseau électrique", commente Alexis Masse, le directeur de la stratégie. La Commission de régulation de l’énergie estime les besoins d’investissements entre 6 et 9,7 milliards d’euros d’ici à 2050, contre environ 250 à 350 milliards d’euros pour le réseau électrique.

Baisse des charges d’exploitation de GRDF

GRDF mise sur une performance de 3 % par an sur sa gestion des réseaux et estime pouvoir baisser ses charges d’exploitation grâce à "des efforts sur les achats, une plus grande efficacité dans les activités réseaux, la modernisation des ouvrages et la réorganisation de certaines activités", précise Alexis Masse. Le gestionnaire du réseau a ainsi démarré fin décembre la réorganisation du service après-vente/facturation, depuis que le déploiement du compteur intelligent Gazpar a réduit de moitié le nombre d’erreurs de facturation et d’appels téléphoniques. Près de 300 personnes sur 600 sont concernées par un redéploiement sur d’autres services ou un départ à la retraite.

GRDF construit aussi sa propre chaîne logistique depuis l’arrêt en 2023 de la gestion mixte, aux côtés d’Enedis, de la plateforme logistique Serval permettant de stocker le matériel d’entretien des réseaux. "Cela représente un gros levier d’optimisation", estime Alexis Masse.

"Ne pas stigmatiser les consommateurs de gaz"

Après la décision du gouvernement fin décembre, de relever de 5,5 % à 10 % la TVA sur les chaudières à gaz et alors que les débats budgétaires ont repris au Sénat, le gestionnaire du réseau souhaite "attirer l’attention du gouvernement sur le fait qu’il ne faut pas stigmatiser les consommateurs de gaz, qui sont souvent des clients "précaires" ou qui n’ont "pas d’autres choix". GRDF estime qu’un quart de ses clients actuels vit dans des zones où le climat ne permet pas l’installation de pompes à chaleur électriques.

La filière demande également aux pouvoirs publics de mener une "réflexion fiscale" alors que les accises sur le gaz ne distinguent pas le gaz fossile du gaz vert. En outre, alors que le ministre de l’Énergie Marc Ferracci défend l’usage prioritaire de la biomasse pour l’industrie et la mobilité (sous forme de carburants pour l’aviation entre autres), la filière continue de défendre la production de biogaz, "qui permet aux élus locaux de défendre une boucle locale" de son usage.

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