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Europe Ecologie Val-d’Oise s'oppose à la méthanisation agricole

Principe


La méthanisation est un procédé de dégradation de la matière organique par des bactéries permettant de produire du biogaz riche en méthane (CH4) et un résidu organique liquide ou pâteux des matières non digérées par les bactéries appelé digestat. 
Contexte
La méthanisation bénéficie d’incitations gouvernementales sous forme d’aides à l’injection du méthane produit dans le réseau de gaz naturel ou à la valorisation du méthane produit sous forme de chaleur et d’électricité dans une unité de cogénération ou de chaleur seule.
Des installations commencent à voir le jour en Ile de France.  En 2020, on comptait 14 unités de méthanisation agricole c’est-à-dire portées par une ou plusieurs structures agricoles.(source :).
Il n’en existe pas encore dans le Val d’Oise mais des projets commencent à voir le jour à Attainville et plus récemment au Perchay.
Pour ses promoteurs, cette filière naissante est parée de nombreuses vertus :

  • C’est une énergie renouvelable qui permet la production de gaz naturel non fossile et d’éviter des émissions de gaz à effet de serre
  • C’est une alternative à la mise en décharge de certains déchets organiques
  • C’est une alternative aux engrais chimiques.

Energie renouvelable et émissions de gaz à effet de serre


Les intrants sont uniquement des matières organiques qui en l’absence de méthanisation se seraient dégradées à l’air libre en produisant du CO2. 
La dégradation de la matière dans un méthaniseur produit du méthane à la place du CO2. Ce méthane peut se substituer à du méthane d’origine fossile qu’il soit injecté dans le réseau de gaz naturel de GrDF ou qu’il serve de combustible pour produire de la chaleur ou de a chaleur et de l’électricité (cogénération). En brûlant, ce méthane émettra à peu près la quantité de CO2 les intrants auraient naturellement émis en se dégradant mais il évitera toutes les émissions liées au méthane fossile  auquel il sera substitué.
D’autres paramètres sont néanmoins à prendre en compte :

  • Les méthaniseurs peuvent avoir des fuites de méthane en cas de mauvaise exploitation ou d’avarie.
  • Le transport des intrants pour l’alimentation des méthaniseurs
  • Le changement d’affectation des sols induit par les cultures dédiées.

Cependant, sauf situation extrême, ce bilan demeure largement positif, selon l’ADEME citée par la mission sénatoriale sur la méthanisation. 
Par ailleurs, la méthanisation est une énergie qui peut créer des emplois non délocalisables et apporter un complément de revenu non négligeables aux agriculteurs. 

Gestion des intrants

Dans le cas de la méthanisation agricole, les intrants se composent généralement :

De déchets agricoles

Ces derniers sont en général marginaux et peuvent servir de caution à l’utilisation d’intrants moins vertueux comme des cultures dédiées ou certaines CIVE (cf point suivant). 
Par ailleurs, ils peuvent déjà avoir une utilisation en tant qu’alimentation animale, par exemple.

Des cultures dédiées 

Ces dernières sont limitées à 15% des volumes bruts des intrants.
Ces cultures posent différents problèmes :

  • Elles viennent directement en concurrence des productions à vocation alimentaire
  • Elles peuvent conduire à des changements d’affectation de sols (zones naturelles ou prairies en champs de cultures méthanogènes)

Elles sont difficilement contrôlables et peuvent représenter dans les faits des proportions bien supérieures à celles autorisées.

Des CIVE (Culture Intermédiaire à Vocation Energétique)

Ces cultures sont censées être réalisées entre les cultures principales. Selon leur période d’implantation, on distingue les CIVE d’hiver, semées en fin d’été ou début d’automne, récoltées au début du printemps et positionnées avant une culture alimentaire d'été, et les CIVE d’été, semées en été, récoltées en début d’automne et positionnées après une culture alimentaire d’hiver. 
Correctement mises en œuvre, elles ont pour avantages, d’une part, de servir à fixer les surplus d’azote présents dans les sols, d’autre part, sont bénéfiques en tant .
Cependant :

  • Elles viennent ajouter une pression supplémentaire dans la gestion des réserves d’eau, surtout dans le cas de culture de maïs, par exemple
  • En tant que cultures supplémentaires, elles peuvent nécessiter des engrais chimiques additionnels,
  • Elles sont fréquemment dévoyées, notamment dans le cas des CIVE d’été : production principales récoltées juste dans les temps pour toucher les primes liées au PAC mais immatures, par exemple.

Gestion et impact du digestat

 D’après le rapport sénatorial sur la méthanisation, il est établi de façon bien documentée que les digestats sont riches en éléments fertilisants et représentent, à ce titre, une alternative renouvelable aux engrais minéraux de synthèse. Ils permettent notamment de minéraliser l’azote et le rendre ainsi directement assimilable par les plantes.
Le bilan global de la méthanisation concernant les apports en éléments fertilisants – et en particulier en azote – serait donc positif, pour autant que le digestat ne soit pas mobilisé pour la fertilisation des CIVE.
Il demeure néanmoins un certain nombre de risques :

  • Risque de pollution accidentelle par déversement intempestif de digestat dans l’environnement
  • Risque d’excès de nitrates dans les sols
  • Risque d’épandage d’éléments pathogènes présents dans les intrants bien qu’une grande partie soit neutralisé lors du processus de méthanisation.

Position d’Europe Ecologie Les Verts Val d’Oise


EELV95 acte le fait que correctement conçues et exploitées les installations de méthanisation agricole génèrent du méthane renouvelable permettant de limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Cependant la méthanisation ne doit pas renforcer un modèle agricole intensif et participer à l’industrialisation de l’agriculture.
Elle doit, au contraire, permettre d’orienter l’agriculture vers des pratiques plus vertueuses : diminution des engrais de synthèse et des pesticides, maîtrise des consommations d’eau, réduction des cheptels, rotation des cultures, retour vers une polyculture/élevage généralisée.
Les unités de méthanisation agricole doivent se faire à petite échelle (une ou quelques exploitations).


EELV95 préconise :

  • De supprimer la possibilité d’avoir recours à des cultures dédiées à titre principale qui est aujourd’hui de 15% sachant qu’il est aujourd’hui officiellement rarement atteint.
  • De limiter l’usage des CIVE au CIVE d’hiver,
  • De proscrire l’emploi d’engrais de synthèse pour la culture des CIVE
  • De surveiller les épandages de digestat en créant un observatoire local

 

Le projet de méthanisation du Perchay


Le projet du Perchay porté par 4 agriculteurs prévoit la méthanisation de 25 000 t de matière diverse  dont l’origine ne semble pas clairement établie.  Ce flou renforce les craintes d’une utilisation de cultures dédiées à la méthanisation au détriment des cultures à vocation alimentaire. Le volumes important de CIVE laisse également craindre l’utilisation de CIVE d’été consommatrices d’eau.
L’installation artificialise 4ha de terres agricoles en plein parc régional du Véxin.
L’emplacement de l’installation est également problématique à 400 m des premières habitations laissant craindre des nuisances pour les riverains. 


Pour l’ensemble de ces raisons, EELV95 est défavorable à ce projet qui va à l’encontre d’un modèle agricole permettant de préserver la biodiversité, la qualité des sols mais aussi des produits agricoles. Ce modèle doit être basé sur la diminution des engrais de synthèse et des pesticides, la maîtrise des consommations d’eau et le retour vers une polyculture/élevage plus vertueuse.

Méthanisation