Méthanisation : la présence des microplastiques inquiète en Bourgogne-Franche-Comté

Le site de méthanisation d'Avallon Bio Énergie dans l'Yonne, vise à transformer des déchets organiques en biogaz et en engrais. Cependant, il suscite des inquiétudes chez les riverains, notamment en raison de la présence de microplastiques dans les terres.
Plus de 100 tonnes de déchets sont traités chaque jour par le site de méthanisation d'Avallon Bio Energie, situé dans l'Yonne. Des déchets qui proviennent à 50% de la production agricole (cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVES) et effluents d'élevage) et à 50% de déchets alimentaires issus de la grande distribution (GMS). « Cette combinaison permet d'optimiser le processus de méthanisation, en particulier en termes de taux de matière sèche (7 à 9%) », explique Christophe Rousseau, agriculteur et exploitant.
Avec un investissement initial de deux millions d'euros, l'unité de méthanisation répartie sur deux sites (Etaule et Saint-Aubin-desChaumes)
A été créée par quatre associés, dont deux agriculteurs. Le processus repose sur la fermentation de matières organiques, générant du biogaz qui peut être utilisé comme source d'énergie, mais aussi des digestats- résidus du processus de méthanisation de matières organiques naturelles - qui sont ensuite épandus comme engrais sur les cultures. « Je n'achète plus du tout de phosphore ou de potasse et à peu près moitié moins d'azote qu'avant », constate Christophe Rousseau.
La méthanisation apparaît comme une solution pour le territoire qui permet de valoriser une partie de ses déchets plastiques provenant de denrées périssables - tels que les yaourts ou les sauces préparéesplutôt que de les enfouir. Cependant, bien que prometteur en matière de durabilité, le site de méthanisation n'est pas exempt de critiques. Le collectif Foissy Vézelay Environnement, qui a alerté les autorités sur la pollution plastique issue des épandages, dénonce des pratiques inappropriées dans le tri des déchets avant leur méthanisation.
Des riques potentiels pour la santé humaine
Le modèle économique d'Avallon Bio Energie repose sur la collecte de biodéchets, qui permet aux exploitants d'éviter des coûts liés à la production de matières premières agricoles.
« Nous sommes rémunérés pour traiter ces biodéchets », précise Christophe Rousseau. « Ce qui nous permet de couvrir les frais de fonctionnement, y compris les salaires et l'entretien des installations », poursuit-il. Cependant, cette rentabilité est mise à mal par les accusations de pollution, qui pourraient entraîner des restrictions réglementaires et nuire à la réputation de l'entreprise. Les enjeux environnementaux sont également préoccupants. Le collectif Foissy Vézelay Environnement avance que les microplastiques présents dans les digestats pourraient contaminer les cultures, soulevant des interrogations sur la sécurité alimentaire. Une étude a démontré que « les microplastiques peuvent être absorbés par les racines des plantes et se retrouver dans les parties comestibles », alertant ainsi sur des risques potentiels pour la santé humaine.
Des solutions à trouver face aux critiques
Face à ces critiques, Avallon Bio Énergie assure que des mesures ont été mises en place pour améliorer le processus de tri des déchets. Une machine à presse filtrante a été installée pour réduire la présence de plastiques dans le digestat. « Nous effectuons des analyses régulières (au moins une fois par mois) pour contrôler la quantité de microplastiques dans le digestat, qui se situe généralement autour d'un gramme par kilogramme de matière sèche », précise Christophe Rousseau. Un résultat largement en dessous du seuil réglementaire de cinq grammes (dont trois grammes de plastiques).
Malgré cela, les préoccupations demeurent. « Les digestats chargés de matière plastique sont épandus de la même manière, et nous retrouvons exactement les mêmes déchets, comme des pots de yaourt broyés », constate François Rasse, membre du collectif. Les membres du collectif continuent de revendiquer un suivi plus rigoureux des épandages. « Il est impossible de dépolluer les terres où sont épandues ces matières », conclut François Rasse. Ce dernier a envoyé une lettre au préfet de la Nièvre le 25 mars dernier pour demander « de faire cesser cette manière de procéder, de ne plus autoriser l'épandage de plastique, de revoir les déclarations ICPE en incluant les deux sites ». La préfecture de la Nièvre, de son côté, a promis d'analyser la situation de manière plus approfondie et d'actualiser les arrêtés autorisant les installations.