Méthanisation à Perpignan : des craintes autour de l’épandage des rejets de l’usine BioRoussillon
La société BioRoussillon, dont l’usine perpignanaise produit du biogaz à partir de déchets organiques, veut étendre à 18 communes supplémentaires l’épandage de son "digestat", un liquide issu de la méthanisation qui peut servir d’engrais. Certains habitants et élus concernés craignent une pollution des nappes et rivières situées à proximité de certaines parcelles ciblées.
Produire du biogaz destiné à être injecté dans le réseau. Tel est l’objectif principal de l’unité de méthanisation de la société BioRoussillon, filiale de Total Energies, en activité depuis avril 2021 dans la zone d’activités perpignanaise de Torremila. Pour produire son biogaz, l’usine maintient pendant 35 jours des déchets organiques (fruits, légumes, fumier, déchets d’industrie…) à 45 degrés en les agitant en anaérobie. Une fois le gaz extrait, les "digestats" liquides issus de l’opération (36 000 mètres cubes par an) servent à fertiliser des terres agricoles.
Le plan d’épandage de cette substance riche en azote est cependant soumis au feu vert des services de l’État. C’est dans ce cadre que BioRoussillon a engagé une procédure pour agrandir ce périmètre, qui s’étend actuellement sur 935 hectares répartis sur une vingtaine de communes du département. L’entreprise souhaite voir cette superficie passer à 1 278 hectares. Les terrains des agriculteurs souhaitant intégrer le plan ou y faire rentrer des parcelles supplémentaires sont situés sur 18 nouvelles municipalités. Parmi elles : Fourques, Tordères et Maureillas, dont les mairies ont émis des réserves pour divers motifs lors de la concertation publique qui s’est déroulée en mai 2024.
Inquiétudes pour l’eau
Lors de cette consultation, la plupart des participants ont indiqué craindre, entre autres, une pollution des nappes et rivières situées à proximité de certains terrains ciblés. La municipalité de Maureillas se déclare par exemple "très préoccupée" par ce projet qui concerne notamment des parcelles situées à proximité du forage qui fournit la majeure partie de l’eau potable du village. Elle réclame une étude complémentaire pour connaître "l’impact réel du projet d’extension sur la nappe phréatique".
De son côté, la société Total Energies se veut rassurante. "Les éléments concernant l’impact des épandages sur la qualité des eaux souterraines et superficielles sont présentés dans l’étude préalable aux épandages, rétorque-t-elle. Les épandages sont réalisés conformément aux exigences réglementaires : étude de l’aptitude des sols, calcul des doses d’épandage, respect des distances et périodes d’épandage, utilisation de matériel adapté. Des moyens de surveillance sont mis en place : analyses des digestats, suivi des sols, suivi des épandages. Les zones vulnérables aux nitrates ainsi que les zones sensibles ont été prises en compte (périmètre de protection de captage d’eau potable, zones humides…)."
Un discours qui peine à convaincre François Gillet, l’un des référents régionaux du Collectif national vigilance méthanisation. "L’azote contenu dans le digestat produit des nitrates qui peuvent polluer les nappes et les rivières, notamment s’il est épandu sur des sols nus", pointe-t-il du doigt.