Les tracteurs et les remorques défoncent cette petite route dans l'Orne

Le méthaniseur de Saint-Symphorien-des-Bruyères (Orne) fonctionne grâce aux apports en provenance des fermes locales. Mais ce transport n'est pas sans conséquences
En 2019, les promoteurs du site de méthanisation « Agriméthane en Ouche » à Saint-Symphorien-des-Bruyères (Orne) déclaraient, « nous vivons dans le Pays d’Ouche et nous n’avons donc pas du tout intérêt à le détériorer et le salir. Nous allons tout faire pour limiter au maximum les nuisances ».
49 000 tonnes de matière organique à transporter
Mais voilà, un méthaniseur qui peut recevoir chaque année jusqu’à 49 000 tonnes de matière organique, c’est une installation industrielle conséquente. Le maire de Saint-Nicolas de Sommaire (Orne) en sait quelque chose. Depuis la mise en service du méthaniseur, en 2022, il a vu les tracteurs multiplier les passages avec des remorques chargées, sur la petite voie communale qui passe dans le village. Devant sa mairie, mais aussi au milieu de deux zones pavillonnaires.
Par moments, on en voit passer toutes les dix minutes
La voie n’est pas du tout faite pour supporter ce trafic. La VC101 est l’une de ces routes qui nécessite de mordre l’accotement lors d’un croisement en voiture. Les tracteurs et leurs remorques peuvent atteindre 40 tonnes en pleine charge (pour une remorque à trois essieux).
Le maire n’est pas rassuré
Ils emportent les matières organiques depuis les exploitations qui se trouvent à l’ouest du méthaniseur de Saint-Symphorien-des-Bruyères. A d’autres périodes, ils repartent chargées du digestat, pour le répandre dans les champs. Le maire n’est pas rassuré.
La route n’est pas très large, je crains pour la sécurité et pour la voirie avec le poids des remorques
Le maire, Jacky de Tavernier souhaite que les convois de tracteurs qui déposent les matières organiques, et qui repartent avec le digestat, la matière décomposée après la méthanisation, empruntent une autre route. En prenant la D918 par exemple. Ce qui rallongerait un peu la route, mais éviterait la traversée du village.
La voirie dépend de la Communauté de Communes
Pour Guy Martel, responsable des travaux de voirie à la Cdc du Pays de L’Aigle, « le coût d’entretien des routes a augmenté de 20 % en 3 ans, et on n’a pas le budget qui suit ». Le problème de Saint-Nicolas-de-Sommaire n’est pas unique. Avec l’augmentation du poids des camions et des transports, la situation des routes s’est dégradée depuis 20 ans. En 2017, seul un tiers des tracteurs était équipé avec des moteurs de plus de 150ch.
Des chargements plus lourds
Aujourd’hui, plus de la moitié des tracteurs a des moteurs de plus de 150ch. Leur capacité de transport a logiquement suivi. Les riverains du village l’ont constaté, « lors du passage des tracteurs, tout vibre partout ».
Je ne pensais pas, en arrivant ici, que ça serait aussi bruyant
Le maire de Saint-Nicolas-de-Sommaire a soulevé le problème de la voie communale lors de la dernière réunion de la Cdc. Mais vu le budget contraint de la collectivité, l’entretien des routes attendra. La seule solution qui s’offre au maire, c’est de prendre un arrêté municipal interdisant le passage des véhicules au-delà d’un certain tonnage comme la loi l’y autorise.
Mais, pour être légale, une interdiction de circulation imposée à ces poids lourds doit être accompagnée de la mise en place d’un itinéraire de contournement. Ce qui reviendrait au final, à déplacer le problème.