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La Cop26 déclare la guerre au méthane


Pourquoi ce gaz est bien plus dangereux que le CO2

 Le Courrier de l'Ouest le 3 novembre 2021

Ce sera peut-être l’avancée majeure de la COP26. Pour la première fois dans l’histoire des sommets climatiques, les dirigeants de la planète ont entrepris, mardi 2 novembre 2021, de s’attaquer à un ennemi jusqu’ici curieusement épargné : l’invisible méthane, nom de code CH4. Quatre-vingt-sept pays ont souscrit au « Pacte global pour le méthane », une initiative conjointe des États-Unis et de l’Union européenne. Objectif : réduire de 30 % d’ici à 2030 leurs émissions de ce gaz à effet de serre.

L’intérêt ? À première vue, il semble moindre comparé à la lutte contre le dioxyde de carbone. L’obsédant CO2 pèse plus de 80 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) des États-Unis ou de l’Union européenne. Le méthane seulement 10-11 % et sa durée de vie dans l’atmosphère n’est que de neuf ans, dix fois plus courte que celle du CO2.

Vingt-huit fois plus chauffant que le CO2

Oui mais ! L’éphémère méthane a « un pouvoir de réchauffement vingt-huit fois supérieur » à celui du CO2, alertait cet été le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat. Le Giec s’inquiétait de la prolifération du CH4 (+9 % entre 2006 et 2017), dont l’agriculture est le premier émetteur et l’accroissement du cheptel bovin – aiguillonné par une demande croissante de viande – le premier facteur.

« Réduire de 45 % les émissions de méthane d’ici à 2040 permettrait d’éviter 0,3 °C de réchauffement ​ » , soulignait alors Sophie Szopa, chercheuse à l’université de Paris-Saclay et co-autrice du rapport du Giec. Elle semble avoir été exaucée !

Peu coûteux et immédiat

Le méthane est un levier d’autant plus séduisant pour les dirigeants politiques et économiques que les solutions existent, qu’elles sont peu coûteuses et leur effet immédiat. « C’est la stratégie la plus simple et la plus efficace que nous avons pour ralentir le réchauffement à court terme​ » , a déclaré Joe Biden à Glasgow.

L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) devait dévoiler, mardi, de nouvelles règles imposant aux producteurs d’hydrocarbures de colmater les fuites sur leurs installations – environ 300 000 forages, jusqu’à un million si l’on intègre les puits à l’abandon. Ils pourront se rembourser en vendant le méthane récupéré.

Au volet agricole, des chercheurs américains ont montré qu’intégrer des algues dans la diète des bovins peut réduire de moitié leurs flatulences. Parmi les bonnes nouvelles d’hier figure l’adhésion au Pacte global pour le méthane du Brésil, deuxième producteur de viande bovine après les États-Unis. En revanche, à ce stade, ni la Russie, au réseau gazier criblé de fuites, ni la Chine, de plus en plus carnivore, ne l’ont rejoint.

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