La Confédération Paysanne s’insurge contre les "usines à gaz"

La méthanisation : on en parle en Comminges. Le problème se pose quand les projets opposent les cultures énergétiques aux cultures alimentaires.
Pourquoi faire des usines à gaz ? "Nous sommes spécialistes des solutions compliquées ; des usines à gaz, les installations de méthanisation en sont l’archétype", explique un des responsables de la Confédération Paysanne 31.
En ce mois de consultations et débats préparatoires aux élections de la Chambre d’Agriculture, un sujet de plus anime les agriculteurs : celui de l’installation de méthaniseurs, en sus et place de terres agricoles, avec à la fin, des résultats pas aussi vertueux que semblent le prôner les adeptes.
Petit retour en arrière : dans les années 90, les éleveurs ont dû "mettre aux normes" leurs installations d’élevage ; en fait un seul problème, certes important, a été abordé : limiter le lessivage des effluents vers les cours d’eau. Aussi les éleveurs ont investi avec force subventions pour réaliser des fosses à lisiers calculées en fonction de la taille des élevages… Mais elles n’ont pas été couvertes ?
Aussi ces installations collectent des lisiers, mais également toute l’eau de pluie, nécessitant des heures et des jours de rotations avec des tonnes à lisier pour évacuer ces volumes vers les champs.
Le CO2 et le méthane s’échappent dans l’air, et les rotations de tracteurs consomment du carburant et du temps de chauffeurs.
2e étape : les unités de méthanisation – "sans aucune analyse des problèmes précédents" précisent les représentants de la Confédération paysanne. "On rassemble toute l’eau mélangée à des lisiers vers des unités centralisées – couvertes cette fois-ci – afin de récupérer le gaz méthane, le CH4, et de contribuer ainsi à réduire la facture énergétique". Mais comme méthaniser de l’eau sale n’est pas possible, il faut ajouter du carbone (le "C" du CH4).
« Perte de la vocation alimentaire »
En sus des transports du lisier qui se sont allongés, « il s’agit maintenant de transporter des fourrages, des céréales, blé et maïs, pour les jeter dans le ventre du réacteur. D’un côté nous aurons le gaz à transporter vers les lieux de consommation, et du digestat, un résidu azoté pauvre en carbone ».
Une démarche que la "Conf’" dénonce : "Nous allons dépenser jusqu’à 80 % de subventions publiques au bénéfice d’un petit nombre d’agriculteurs investisseurs, qui deviennent en fait des industriels producteurs d’énergie. Nous perdons la vocation alimentaire des territoires et nous supprimons des élevages pourtant essentiels au maintien des agro-éco-systèmes. Nous retournons au sol un digestat dont le carbone (l’énergie en fait), a été retiré".
Au contraire, la confédération paysanne défend un modèle qui appréhende l’agriculture comme une "production économique décentralisée, répartie sur le territoire : plus nous réduisons les volumes et les temps de transports, plus le système est efficace. Nous pouvons couvrir toutes les aires d’exercice avec des hangars photovoltaïques, non subventionnés, nécessitant peu d’investissements, rentabilisés par la production d’une énergie facilement transportable. Les lisiers deviennent des fumiers secs ou peu humides, les volumes sont réduits de 6 à 10 fois. Le résultat est un engrais organique, levain pour le sol, immédiatement et localement disponible sans transports. Les épandages sont rapides et peu onéreux, c’est un gain de rentabilité majeur pour les agriculteurs qui peuvent se consacrer à leur vocation de toujours : la production alimentaire".