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Il n’y a jamais eu autant de méthane dans l’atmosphère


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Malgré les engagements internationaux, les émissions de méthane n’ont jamais été aussi hautes. C’est le résultat d’une étude publiée par 69 scientifiques du consortium Global Carbon Project.

Les concentrations de méthane dans l’atmosphère ne cessent d’augmenter, à un rythme qui s’est même accéléré ces dernières années, menaçant la trajectoire climatique de la planète malgré la promesse de nombreux pays de réduire drastiquement les émissions de ce puissant gaz à effet de serre, alertent des chercheurs mardi.

«Le méthane augmente plus vite en termes relatifs que n’importe quel autre gaz à effet de serre majeur et est désormais à des niveaux 2,6 fois plus élevés qu’à l’époque préindustrielle», écrit une équipe internationale de scientifiques sous l’égide de l’organisation Global Carbon Project, dans une étude publiée dans la revue Environmental Research Letters.

Le méthane (CH4) est le deuxième gaz à effet de serre lié à l’activité humaine après le dioxyde de carbone (CO2). Environ 40% du méthane provient de sources naturelles, dans les zones humides notamment, mais la majorité (autour de 60%) est liée aux activités humaines comme l’agriculture (élevage des ruminants et culture du riz), les énergies fossiles et les déchets.

Son pouvoir de réchauffement est plus de 80 fois plus important sur vingt ans que celui du CO2, mais sa durée de vie est plus courte, ce qui en fait un levier important pour tenter de limiter le réchauffement climatique à court terme.

Mais l’inventaire réalisé par les scientifiques montre que la trajectoire suivie n’est pas la bonne et que les concentrations de méthane dans l’atmosphère – le méthane émis moins une partie absorbée par les sols et par des réactions chimiques dans l’atmosphère - n’ont cessé d’augmenter.

«Presque tous les pays»

L’augmentation dans l’atmosphère était de 6,1 millions de tonnes par an en moyenne dans les années 2000, puis de 20,9 millions de tonnes dans les années 2010. La croissance s’est encore accélérée ces dernières années, à des rythmes jamais vus depuis le début des mesures continues dans les années 1980, et a par exemple atteint 41,8 millions de tonnes en 2020, soit le double de la moyenne des années de la décennie précédente.

«Les émissions anthropiques ont continué d’augmenter dans presque tous les pays du monde, à l’exception de l’Europe et de l’Australie, qui montrent une trajectoire de lent déclin», souligne pour l’AFP Pep Canadell, directeur exécutif du Global Carbon Project et coauteur de l’étude, basé à Canberra (Australie).

Les augmentations ont été tirées principalement par les émissions provenant de l’extraction du charbon, de la production et de l’utilisation du pétrole et du gaz, de l’élevage des bœufs et des moutons, ainsi que de la décomposition des aliments et des matières organiques dans les décharges.

Des causes naturelles jouent aussi. «La hausse de 2020, et particulièrement les deux années suivantes, a été causée par une période assez exceptionnelle du phénomène La Niña, qui amène des conditions plus humides que la moyenne dans de nombreuses parties du monde, notamment les tropiques», explique Pep Canadell.

Ces conditions favorisent la production naturelle de méthane dans les zones humides, en particulier tropicales, qui représentent la première source naturelle d’émission du gaz. Et il est d’ailleurs prévu que le phénomène La Niña revienne au cours de cette année.

L’année 2020 avait aussi connu un effet paradoxal de la lutte contre le Covid-19, déjà mis en avant dans une étude: la baisse de polluants liés aux transports (NOx) a indirectement freiné l’élimination du méthane dans l’atmosphère.

«Mirage»

Quoi qu’il en soit, la trajectoire du méthane apparaît en décalage avec ce que préconisent les experts du climat mandatés par l’ONU (GIEC) pour conserver le réchauffement sous 2 °C, mais aussi avec les promesses prises par les Etats.

Un «engagement mondial» a été lancé en 2021 par l’Union européenne et les Etats-Unis, pour réduire les émissions mondiales de méthane de 30% d’ici à 2030 par rapport à 2020.

Il regroupe aujourd’hui plus de 150 pays mais pas la Chine, l’Inde ou la Russie.

Ces objectifs «semblent aussi lointains qu’une oasis dans le désert», juge Rob Jackson, de l’Université de Stanford, auteur principal de l’étude. «Nous espérons tous qu’ils ne sont pas un mirage».

La Chine et les Etats-Unis préparent ensemble un sommet sur les gaz polluants hors CO2, incluant notamment le méthane, ouvrant peut-être la voie à de nouveaux engagements.

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