« Il n’a pas sa place ici », la justice bloque pour six mois le projet contesté de méthaniseur d’Auneuil
Le tribunal administratif d’Amiens (Somme) a demandé des garanties financières à Biogaz 60, porteur du projet de méthaniseur qui anime la commune d’Auneuil depuis deux ans. En attendant, l’autorité administrative a suspendu pour une durée de six mois l’arrêté préfectoral qui autorisait l’exploitation du site.
Le projet de méthaniseur d’Auneuil, porté par Biogaz 60, structure composée d’un collectif de 17 agriculteurs et d’une coopérative agricole, a subi un nouveau coup d’arrêt. Début avril, le tribunal administratif d’Amiens (Somme) a suspendu l’arrêté préfectoral qui autorisait l’exploitation du site. Il avait été saisi par l’association contre l’implantation du méthaniseur à Auneuil et protection de l’environnement (Acima) qui avait déposé un recours contre l’arrêté préfectoral en mai 2023.
Dans leurs conclusions, les juges ont estimé que « le dossier de demande était incomplet au titre de la description des capacités financières de l’exploitant. » « Concrètement, le dossier de demande soumis par la société Biogaz 60 devra être complété par des informations précises et étayées sur ses capacités financières », précise la juridiction.
« Beaucoup de tensions dans la commune »
Biogaz 60 a pris acte de cette suspension de l’arrêté préfectoral. « On est en train de collecter les différents justificatifs, déclare Julien Breemeersch, agriculteur à Laboissière-en-Thelle et président de Biogaz 60. Ce n’est pas grand chose. On a déposé la demande il y a trois ans, depuis les chiffres ont évolué. On a déjà fait certaines des modifications demandées, comme le chiffrement de l’accès au site. »
Sur sa capacité de financement, Biogaz 60 est serein. « Le capital d’1,6 millions d’euros est déposé depuis un an et demi », précise le président. Même son de cloche pour Hans Dekkers, ex-maire d’Auneuil et agriculteur membre de Biogaz 60. « On est à 95 % du travail. Les 5 % restants dépendaient de la décision du tribunal administratif. Vu les conclusions, l’accord de principe signé avec les banques sera validé. »
L‘Acima s’accroche encore à cet ultime espoir. « J’espère que cet aspect financier sera leur talon d’Achille, espère Sébastien Nahacz, vice-président du collectif. Les banques hésiteront peut-être à financer un projet aussi impopulaire. On est déçu que les arguments environnementaux n’aient pas été retenus. »
Le tribunal a en effet écarté les autres motifs d’illégalité invoqués par l’association, notamment « la protection de la ressource en eau, compte tenu de la proximité du captage d’eau potable », estimant qu’elle était « assurée par des mesures de suivi régulier. » Johnny Carminati, maire d’Auneuil, avoue être « totalement désappointé » par cette décision. « Elle suscite de l’inquiétude pour les administrés et beaucoup de tensions dans la commune. Ce projet n’a pas sa place ici. »