Mauvaises odeurs: Face aux nuisances récurrentes, les habitants pointent du doigt Biogaz de Gaillon



À Gaillon, les habitants du hameau des Vignes en ont ras-le-bol des mauvaises odeurs. Depuis un an, ils se sont constitués en collectif et réclament réponses et ajustement de Biogaz.
Avec les beaux jours, tout le monde aime se promener ou plus simplement profiter de son jardin quand on en a un. Du côté de Gaillon, buller dans l'herbe se révèle parfois plus difficile qu'ailleurs. Notamment dans les environs de l'unité de méthanisation Biogaz.
Certains jours, l'usine renvoie des mauvaises odeurs, il faut vite se calfeutrer. « Parfois cela ne dure qu'un quart d'heure, mais cela suffit pour nous pourrir la journée », explique Martine Varin, habitante du hameau des Vignes, lotissement résidentiel situé à 500 m à vol d'oiseau du méthaniseur. Avec les odeurs de soufre, d'excréments ou d'œuf pourri, « les odeurs sont tellement insupportables qu'on ne peut pas sortir », poursuit Gilles le Velly, son compagnon. En principe, alors que le méthaniseur n'est pas en activité, les riverains constatent de mauvaises odeurs durant le week-end. Pour Sytrie Caron, leur voisine, « C'est bien simple, on n'est jamais tranquille, on ne peut jamais prévoir d'inviter des amis ou de la famille sans crainte ».
24 signalements depuis janvier
Avec d'autres riverains, ils ont monté en 2024 un collectif pour faire remonter - entre autres problèmes - les nuisances olfactives qu'ils subissent tout au long de l'année. « Depuis janvier, on a déjà signalé à 24 reprises des odeurs. Et encore, on n'est pas là tout le temps », précise Martine. À chaque fois, le collectif interpelle la société Biogaz. Sur l'ensemble de ces alertes, les responsables de l'unité de méthanisation n'ont reconnu qu'une seule fois y être pour quelque chose. « Ils nous ont dit que la cuve avait été ouverte pendant une heure. Le reste du temps, ils disent que cela n'a rien à voir avec eux », regrettet-elle.
Pourtant, Gilles Le Velly émet des hypothèses. « Les odeurs, on les sent en fonction d'une part des vents dominants et d'autre part en fonction des intrants qui sont dans les cuves ». En clair, lorsque le vent souffle principalement d'Est en Ouest, le quartier risque davantage de sentir les mauvaises odeurs. « Quand les vents sont orientés dans d'autres directions, d'autres secteurs du coin peuvent être impactés », poursuit-il.
Alors à chaque fois que les émanations nauséabondes se font sentir, Gilles Le Velly sort son téléphone portable et se connecte sur l'application Signalair.eu. Cette plateforme collaborative recueille les signalements de mauvaises odeurs partout en Europe. « J'informe de l'heure et du lieu de l'alerte. Puis je détaille de quel type d'odeur il s'agit et qui pourrait être susceptible d'être à l'origine de la nuisance », explique-t-il. Ces données permettent ensuite à Atmo Normandie, association agréée par l'Etat qui fait office d'observatoire régional de l'air, d'apposer un « nez » sur la carte des nuisances olfactives qu'elle tient quotidiennement.
Même s'il l'utilise régulierement, Gilles Le Velly déplore le caractère empirique de ces données. « Cela repose sur le travail des riverains qui ne sont pas toujours présents, ou pas toujours attentifs. Ce serait plus efficace d'installer des capteurs d'évaluation des odeurs », estime-t-il.
Le collectif propose des solutions
Le collectif a d'ailleurs proposé cette solution à Biogaz qui nie être à l'origine de la grande majorité des désagréments. « Cela permettrait d'avoir la certitude que cela vient de chez eux et de les obliger à agir », selon Martine Varin.
Depuis la création du collectif, une réunion de médiation a eu lieu avec l'entreprise, en présence des représentants de la mairie en octobre 2024. A cette occasion les riverains ont expliqué leur position « pragmatique ». « Nous ne sommes pas contre leur activité, mais nous voulons qu'on respecte notre tranquillité ». Lors de ces échanges, Gilles Le Velly, Sylvie Caron et Martine Varin avaient proposé des pistes d'ajustements pour Biogaz. Par exemple, le collectif avait évoqué l'installation d'un « double sas » pour les tracteurs et les camions lorsqu'ils apportent la matière destinée à être stockée. « On avait aussi évoqué la question d'installer des dispositifs pour masquer les mauvaises odeurs mais depuis on n'a pas de nouvelles », ajoute Martine Varin. Alors que cette réunion avait acté des échanges réguliers, Biogaz semble avoir revu sa position et fait la sourde oreille depuis le début du printemps. « Plus personne ne répond, c'est dommage car on aurait besoin de réponses », constatent les membres du collectif qui ont lancé une nouvelle pétition. Et le regrettent car ils voudraient bien profiter du bel été qui s'annonce.