Accéder au contenu principal

Dans l’Orne, les Hérissons masqués seront au tribunal le 3 décembre contre un projet de méthaniseur


| Ouest France | News
Le président des Hérissons masqués, Dominique Delanoë, et le trésorier, Laurent Gapaillard, restent plus que jamais mobilisés
| Ouest France | News

Opposants au projet de méthaniseur dans leur commune de Nécy (Orne) les membres de l’association des Hérissons masqués restent plus que jamais mobilisés avant l’audience au tribunal administratif.

La procédure lancée par les Hérissons masqués, en déposant un recours en octobre 2021 au tribunal administratif de Caen, vient de franchir une nouvelle étape : plus aucune nouvelle pièce, à charge ou à décharge, ne peut être versée au dossier. L’audience vient d’être fixée au mardi 3 décembre, puis un jugement à suivre quelques semaines plus tard.

Des déchets qui feraient plus de 100 km

Les militants espèrent que, lors de cette audience, tous les arguments qui les font se dresser contre le projet de la société Méthabio Normandie (une installation qui s’étendrait sur 4 ha, comprenant trois cuves, dont une cuve de stockage de 10 000 m3) seront entendus et pris en compte par le juge. Ils déplorent, tout d’abord, la dimension industrielle du projet. « Un projet à échelle locale, pour valoriser les déchets afin de chauffer une ferme par exemple, pourrait se justifier, détaille Dominique Delanoë, président des Hérissons masqués. À Nécy ils prévoient d’alimenter le méthaniseur avec, entre autres, des matières issues d’élevages de poules qui sont à plus de 100 km ! Où est l’intérêt écologique ? »

Il y a aussi le risque de pollution des cours d’eau : le projet se monterait à flanc de colline, en amont de la Filaine, petit ruisseau qui se jette dans la Dives.  Or on sait que ces installations sont potentiellement accidentogènes : il y a quelque temps, en Bretagne 200 000 habitants privés d’eau potable pendant plusieurs jours après un accident sur un méthaniseur…  précise Laurent Gapaillard, trésorier de l’association.

Les sols aussi seraient pollués, à terme, selon eux, par l’épandage du digestat (résidu de méthanisation), concentré en azote, qui risque de saturer les terres et les nappes phréatiques…

L’argument esthétique leur tient aussi à cœur : « L a construction de l’autoroute a créé un précédent en commençant à bousiller le paysage, un point de vue qui avait été inscrit dans le SCOT (schéma de Cohérence territoriale). L’installation de méthaniseurs (l’Orne en compte aujourd’hui 60 !) ne fait que s’inscrire dans cette logique inflationniste d’industrialisation de la campagne. Après un premier méthaniseur à Argentan, on est en train d’en construire un deuxième juste à côté… Où ça va s’arrêter ? », s’inquiètent les opposants.

« Ce projet devient répulsif »

Ils dénoncent aussi la logique économique qui entraîne les agriculteurs dans cette spirale :  à l’heure actuelle ils ont plus intérêt à faire du gaz qu’à cultiver des terres pour l’alimentation. Le secteur de la méthanisation est très subventionné, considéré par les pouvoirs publics comme une énergie verte, alors que le méthane produit contient, entre autres, 40 % de CO2, qui doit être rejeté dans l’atmosphère afin de rendre ce gaz propre à la consommation ; ceci alimente donc l’effet de serre », explique Dominique Delanoë.

Sans compter les désagréments pour les habitants limitrophes du projet : une maison voisine mise en vente ne trouve pas d’acheteurs, un projet d’exploitation de maraîchage qui ne va pas s’implanter…  Les gens nous contactent, veulent adhérer à l’association… Ce projet devient répulsif, à juste titre ! , concluent les opposants, bien décidés à faire valoir leurs arguments lors de l’audience à venir.

News