À Marquéglise, les habitants manifestent vendredi contre la création d’une lagune pour méthaniseur
Le projet d'implantation d'une lagune destinée à stocker des résidus de méthanisation à Marquéglise (Oise) suscite l'opposition du village. Manifestation vendredi 6 décembre à 19 heures.
Ils ont découvert le projet le mois dernier après la délivrance de l’autorisation préfectorale. À Marquéglise, petit village de 500 habitants proche de Ressons-sur-Matz, doit être implantée une lagune de digestat de méthaniseur. Une autre lagune, au moins, est prévue à Baugy. En quelques semaines, un collectif vient de se constituer pour s’opposer à cette installation : le CollectifMarquéglise, déjà riche d’une cinquantaine de membres. Stéphanie Villemin et Ludivine Leprêtre, deux habitantes du village en sont les porte-parole. Le collectif résume le projet ainsi : «Ce sera ni plus ni moins qu’une piscine à merde». Les mots sont bruts, à la hauteur du rejet de la lagune.
La méthanisation est un processus de dégradation biologique de matière organique ou végétale. Le digestat est le produit de cette dégradation. La lagune de Marquéglise doit accueillir ce digestat en attente d’épandage dans les champs, le méthaniseur étant déjà en activité dans la commune de Braisnes-sur-Aronde, entre Ressons et Compiègne. Elle est exploitée par deux agriculteurs réunis dans une SAS nommée Metha-Oise qui possède le terrain de Marquéglise où doit être installée la lagune.
Crainte d’une pollution «des sols, de l’eau et de l’air»
«Cette lagune va recevoir tout ce qui sort de ce méthaniseur, à savoir des résidus de seigle, d’ensilage, feuilles de betteraves, fientes de poules…», détaille le CollectifMarquéglise. Liste non exhaustive. Les habitants du village mobilisés craignent globalement «une pollution des sols, de l’eau, et de l’air» notamment «en azote et en phosphore». «Cette bassine doit être installée à 1,2 km des habitations, précise le collectif, on a évidemment peur pour les odeurs, on a peur aussi qu’elle déborde». En somme, une dégradation du cadre de vie alors que cette lagune est prévue sur 71 mètres par 31 pour 2 mètres de profondeur. Plus grand qu’une piscine olympique. Surface : 2.000 m². Capacité : environ 5.000 m³.
Mais ce n’est pas la seule peur. «Nous nous posons de nombreuses questions sur le trafic routier, assure le collectif, dans le projet, il est prévu au maximum 30 camions par jour pour l’approvisionner ou la vider. Est-ce que ça va être un défilé quotidien ? Par où vont-ils passer ? On n’a pas le détail». Le projet stipule simplement, selon le collectif, que les camions devront «essayer autant que possible de ne pas passer dans le village». «Mais rien ne les en empêche», note-t-on au CollectifMarquéglise qui s’interroge par ailleurs sur la façon dont «ces camions de 40 tonnes vont croiser les autres agriculteurs sur les petites routes de Marquéglise». Le tout «dans un village déjà très accidentogène où les gens roulent comme des dingues».
Des marnières sur le site ?
Le site choisi pour l’installation de cette bassine pose également des questions à ces militants. «Nous venons d’apprendre que ce secteur est truffé de marnières (des cavités, résultant de l’exploitation de la marne, de la craie, NDLR) rebouchées à l’époque à la va-vite», poursuit la militante. «Que va-t-il se passer si cette lagune est construite sur une de ces marnières ? Est-ce que cela supporterait ce poids ?»
Toutes ces questions, le CollectifMarquéglise les a exposées lors d’une réunion publique mardi 3 décembre au soir. Les militants se tiennent dans ce combat aux côtés du maire du village et de son conseil qui ont rejeté, le mois dernier, lors d’un vote consultatif, le projet de lagune. Une cinquantaine de personnes a assisté à la réunion.
Des actions pour le collectif
«Le maire a écrit aux habitants pour leur présenter nos craintes. Nous avons aussi tracté dans les boîtes aux lettres pour réaliser un sondage en demandant aux habitants s’ils sont favorables à ce projet, sur 153 votants, nous avons eu 153 votes contre», résument les militants. Une pétition en ligne sur la plateforme Change.org a également été mise en ligne. Elle a recueilli pour l’heure 189 signatures en deux semaines. Le collectif a aussi ouvert sa page Facebook.
Et ce n’est pas fini : «Nous savons que ce combat, c’est un peu le pot de terre contre le pot de fer, mais nous allons mettre tout en œuvre, à commencer par une manifestation demain vendredi 6 décembre devant la mairie à 19 heures», explique le collectif. Dans un second temps, le collectif a prévu de rencontrer les porteurs de projet. L’ambiance promet d’être tendue.